Retour en France à Montesson le jeudi 10 mai 2012. Merci à tous ceux qui nous ont suivis durant cette aventure. L'hémisphère Sud en 280 jours: janvier 2012

lundi 30 janvier 2012

RAPA-NUI (Ile de Pâques)

RAPA-NUI (ILE DE PAQUES) – Du 24 au 30 janvier 2012  

Dans la catégorie « Mythique », on a déjà vu le Salar d’Uyuni, le Machu Picchu, Ushuaia ou encore les Galápagos, mais l’Ile de Pâques, c’est du lourd !


Certes, on parle Espagnol et nous sommes d’ailleurs dans la province de Valparaíso. Certes, il nous reste des textes de Neruda, Coloane, Skármeta et Sepúlveda à dévorer, et ceux-ci nous font toujours voyager au Chili. Mais à n’en pas douter, nous avons quitté l’Amérique du Sud. Thor Heyerdal a bien tenté de démontrer en 1947 que les peuples polynésiens avaient pu atteindre les îles polynésiennes à partir du Pérou. Il a lui-même quelques années plus tard observé sur l’île de Pâques des murs de contention de Moais dont les pierres sont disposées avec le même ajustement que les constructions incas. Une variété de jonc présente dans le lac du volcan Rano Kau ressemble étrangement à une variété unique du Titicaca. Mais les scientifiques s’accordent à dire que l’île a été peuplée à partir des îles polynésiennes (probablement à partir des Gambier), et on retrouve en effet beaucoup de similitudes dans la langue, les rites, la physiologie, la nourriture, les croyances,…

L’île est en fait un triangle, trois îles volcaniques étant par la suite reliées lors de différentes éruptions. Le relief compte aujourd’hui plus de 60 cônes, largement déboisés. Les Moais, ces statues anthropomorphiques étaient dressées en hommage aux différents chefs de villages (Arikis). Ils étaient fabriqués dans une unique carrière (flancs du volcan Rano Raraku), puis transportés debout (parfois jusqu’à 15km), les coiffes (« Pukaos », fabriquées à autre endroit dans le cratère du volcan Puna Pau) ajustées sur place finale. Les sites sont généralement au bord de l’océan, en dessous d’un ancien village, les Moais, tournés vers l’intérieur des terres, récupèrent l’esprit de l’Ariki enterré à ses pieds pour le restituer au village. Seule exception, le mystérieux site de Ahu Akivi, avec 7 Moais à l’intérieur des terres et regardant l’océan…


"Usine" à Moais



Les Moais que l’on voit partout en photos ont été relevés et restaurés au XXe siècle. Une faible proportion en réalité, quelques dizaines sur plus de 900 sur l’île. Des marins fin XVIIe et début XVIIIe ont rapporté avoir vu quelques Moais dressés. En fait, peu de temps avant la découverte de l’île par les Européens, on estime alors la population à plus de 15000, les conflits grandissants entre clans (à cause notamment de ressources limitées) ont abouti à des guerres tribales, et le renversement des Moais en est une des conséquences. Après des rafles et massacres successifs, une poignée de Pascuans (111 exactement) a été ramenée sur l’île fin XIXe, avec toutes les conséquences qu’on imagine concernant la perte de mémoire collective et de culture. Aujourd’hui, environ 5000 Pascuans peuplent l’île, tous habitant Hanga Roa.


Les deux clans principaux s’affrontent depuis lors tous les ans dans des joutes sportives et culturelles. Début février, le Tapati Rapa-Nui les oppose lors de spectacles de danses et de musiques, d’épreuves de sculpture ou d’artisanat, et d’épreuves sportives (courses de chevaux, course d’endurance dans l’eau, sur l’eau, en portant des bananes,… ou descente d’une pente de volcan sur un traineau en troncs de bananiers à 80km/h!). La représentante du clan ayant récolté le plus de points à la fin des épreuves sera désignée Reine pour un an.


Nous avons la chance d’assister plusieurs fois aux répétitions de danses d’un des clans : plusieurs centaines d’enfants, ados et adultes font renaître danses et chants traditionnels. On ressent l’importance que cela suscite chez eux à travers la rigueur et l’énergie qu’ils déploient. Bref, un grand moment de communion. Expression de virilité chez les garçons, sensualité chez les filles.





Petites expériences sympas pour terminer : descente et marche dans les tubes sous-terrains creusés par les coulées de lave, et aussi expérience impressionnante dans les champs magnétiques (voiture à l’arrêt au point-mort capable de remonter seule une légère pente !).

Sylien sortant d'un tube de lave
Fondations d'une "maison-bateau" pascuane




lundi 23 janvier 2012

CHILI (2/2)


SANTIAGO – Du 22 au 23 janvier 2012

Quelques heures dans la capitale chilienne. Nous arrivons un dimanche, la ville est calme. Quelques monuments de la période hispanique sont encastrés entre des immeubles presque aussi sombres que la période Pinochet et des tours plus ou moins modernes. Heureusement nous logeons légèrement à l’extérieur du centre ville, dans le Barrio Brasil, quartier ayant conservé nombre de vieilles demeures.

Dans le centre, nous trouvons tout de même une chouette plaza centrale, avec spectacle folklorique et joueurs d’échecs qui s’installent à la tombé du jour. Aussi un étonnant parc s’élevant sur une butte dominant la ville, le Cerro Santa Lucia. Bien sûr, moment de recueillement devant la Moneda et au pied de la statue de Salvador Allende, homme digne, intègre et courageux.






_______________________________



VALPARAISO – Du 19 au 22 janvier 2012   

42. C’est le nombre de collines qui constitue la ville. Enfin une ville d’Amérique pas entièrement quadrillée ! Les bas quartiers le long de l’océan forment de grandes avenues et les rues qui s’élèvent épousent la géographie. Nous pensons tout de suite à Lisbonne, avec ses deux parties distinctes (haut et bas), le côté maritime et les funiculaires. Ici, cependant, pas de tramways jaunes, mais des trolleys verts. Nous retrouvons aussi le désordre et l’impression d’improvisation que nous n’avions plus rencontrés depuis notre arrivée à Salta (nord de l’Argentine) et qui fait le charme des villes d’Equateur ou de Bolivie. Ce qui frappe aussi à Valparaíso (« Valpo » pour les intimes), c’est que les séparations des quartiers populaires et aisés sont moins marquées qu’ailleurs ; les belles demeures côtoient les maisons en tôle, l’important est d’avoir vue sur la baie. Et puis les couleurs, bien sûr : en plus des très nombreuses fresques masquant le gris des bâtiments, on passe sans complexe pour les maisons du mauve au vert tendre ou du bleu ciel au orange.





Valparaiso est surtout une ville dans laquelle on aime marcher. La place Victoria est de loin notre préférée : très animée, elle est le lieu de spectacles de rue où théâtres pour enfants, marionnettistes, groupes de danseurs répétant leurs chorégraphies… font la joie des passants.


L’activité principale est l’activité portuaire : porte-containers déchargeant sur le port, bateaux remplis de fruits ou de cellulose en partance pour l’Amérique du Nord ou le Japon…
Nous prenons un peu de hauteur et apercevons, très visible au milieu de la baie, le voilier-école Esmeralda de la marine chilienne, un très beau quatre mâts (pensées à Annie G...). Seulement voilà, ce navire a servi de centre de détention et de torture durant les années de dictature militaire. L’armée ne reconnaît que depuis peu, et du bout des lèvres, qu’il a servi à des atrocités…


Nous allons nous promener un matin au port de pêcheurs. Les barques remplies de poissons sont directement installées en guise d’étals. Après le spectacle des stands garnis de poissons et crustacés, un autre commence, quand les restes sont lancés de la jetée : dans l’ordre, d’énormes lions de mer, puis des pélicans, des goélands, des mouettes et enfin des cormorans pour ce qui reste, se précipitent dans une joyeuse pagaille sur les têtes et intestins de poissons ou crabes écrasés pour leur petit déjeuner.




4 heures du matin, 21 janvier 2012. Brusquement, nous nous rappelons que nous sommes exactement à la jonction entre deux plaques continentales, la plaque Nazca s’enfonçant sous la plaque sud-américaine, là où le risque de séisme est maximum (si, c’est possible de se souvenir de ça et même à 4 heures du mat, d’abord). Notre chambre donne directement sur une ruelle étroite. Des cris et de grands bruits en proviennent ; passant une tête par la fenêtre, nous voyons une femme en robe de chambre gisant sous des tôles, à côté d’une large flaque de sang. Des dizaines de fils électriques, en partie dénudés, sont à hauteur d’hommes ou jonchent le sol et provoquent des éclairs effrayants. Deux hommes soutiennent un troisième, le visage tuméfié, la chemise déchirée. Deux femmes passent sous nos yeux en poussant des cris aigus, toutes deux ont la tête ensanglantée. Le « CUT » du réalisateur met fin à la scène, mais les acteurs, cameramen, éclairagistes, preneurs de son, techniciens, maquilleuses,… repasseront une dizaine de fois sous nos yeux pour répéter à peu près la même scène de panique post-séisme… Mise à part une nuit un peu perturbée, pour nous tout va bien, le plafond ne s’est pas effondré.





________________________________


PUCON – Du 11 au 18 janvier 2012           

Nous sommes ici en territoire Mapuche. Les Mapuches (littéralement « Peuple de la Terre ») sont aussi connus sous le nom d’Araucans. Nous sommes d’ailleurs dans la province d’Araucanie. Après avoir lutté contre les Incas pour ne pas être absorbés par l’immense empire, ils ont lutté avec acharnement contre les conquistadores espagnols. Ils sont aujourd’hui près de 800000, et vivent principalement dans les zones rurales.


Ici, on se gave de bons fruits d’été : raisins, cerises, nectarines, prunes, framboises, myrtilles, pastèques, melons,…



Grande effervescence cette semaine à Pucon : le triathlon annuel (circuit IronMan) a lieu ce dimanche… et peu de Mapuches y participent ! Beaucoup d’athlètes se préparent pour cet événement. A l’auberge, nous sympathisons avec Henry, chilien, qui participe pour la deuxième fois. Il va tenter de battre le temps de 5 heures qu’il a réalisé l’année passée ; sa compagne Roxana ne participe pas en raison d’une blessure. Fernanda, également chilienne et proche de 50 ans, a participé plusieurs fois, et arrive ici après avoir fait chaque semaine depuis plusieurs mois 200km à vélo, 7 de natation et 40 de course. Il s’agit ici de faire trempette 1.9km, de continuer en balade à vélo 90km et de terminer par un footing de 21km. A l’échelle des difficultés de triathlons, on est dans le milieu de gamme…



La veille de la compette, ils nous chantent la Marseillaise (alors qu’ils ne parlent pas Français, ça doit être pour ça qu’ils osent chanter les paroles), qu’ils ont tous apprise à l’école. Ensuite, on a droit à l’hymne chilien, qui parle de montagnes et de fleurs…
Fernanda finira première de sa catégorie et notre ami Henri fera finalement un peu moins bien que l’année passée, mais peu importe : à l’arrivée, nous voyons bien sur les visages épuisés mais heureux d’en finir, que tous ont gagné.

L’ascension au sommet du volcan Villarica est l’attraction phare de la région. C’est en effet un volcan actif accessible à de bons marcheurs. Après avoir fait une première tentative, risquée à cause d’orages qui s’annoncent en milieu de journée, nous faisons une deuxième tentative, avec le même résultat en raison d’incertitudes météorologiques. La troisième tentative est la bonne, mais aura tout de même nécessité de se lever 3 jours de suite à 5 heures… Le volcan ne voulait pas de nous, mais il a dû s’incliner face à notre ténacité !


La montée est progressive, la plupart du temps dans la neige. Les crampons ne sont pas nécessaires (il n’a pas plu, il n’y a pas de glace), mais le piolet est utile. Les derniers mètres sont en revanche difficiles, et on arrive enfin au cratère, très bien visible. Il en sort constamment des fumeroles et l’odeur de souffre prend parfois à la gorge. Cela donne l’impression qu’à tout moment il peut se remettre à cracher des pierres et de la lave. Les enfants récupèrent au sommet et sont un peu inquiets du temps et du mode de descente.




Finalement, bonne surprise, la descente se fait en grande partie sur de petites luges en plastique ou directement sur les fesses, dans des pistes creusées chaque jour un peu plus par les randonneurs.
Pour les grimpeurs intéressés, nous vous conseillons vivement l’agence Aguaventura qui nous a incité à reporter notre montée pour avoir de meilleures conditions (et donc être sûr de pouvoir atteindre le sommet) et a parfaitement géré la présence des deux enfants en ajoutant un guide supplémentaire. Personnel très compétent et sympa !

Nous passerons également une journée dans un des plus beaux parcs nationaux du Chili : celui de Huerquehue. Végétation surprenante pour une forêt montagneuse, avec bambous et fougères. Une fois de plus, délicieuses baignades dans les eaux limpides des lacs.



mercredi 11 janvier 2012

ARGENTINE (2/2)


RETOUR A EL BOLSON & PARC NACIONAL LOS ALERCES  -  31 décembre 2011 au 11 janvier 2012


Nous arrivons le 31 décembre en début de soirée chez Claudio et Valeria, où nous avons déjà passé une semaine début novembre. Changement d’année en short et T-shirt, avec poulet et légumes cuits sur les braises. Les quelques jours qui suivent s’annoncent plutôt bien, avec températures au-delà de 35° et donc baignades obligatoires.


Durant cette nouvelle semaine argentine, nous partons au lago Epuyen. Manuel, un Québécois, nous emmène avec son « auto » et son accent (ah, ah). Des indicateurs affichent un risque d’incendie maximum. Au bout d’une petite piste de 15km, magnifique endroit pour bronzer et se rafraichir. Quelques minutes après une baignade salvatrice, un nuage ressemblant à celui vu la veille de cendres volcaniques apparaît. C’est en fait un incendie plus ou moins situé à hauteur de la piste d’accès… départ un peu précipité pour ne pas rester coincés sur les rives du lac. Finalement nous arrivons à partir, croisant quelques bomberos sous-équipés asseyant en vain de se frayer un passage à travers une forêt dense d’épineux secs…
Bien que situé à une vingtaine de kilomètres de El Bolson, l’incendie provoque pendant 24 heures une épaisse fumée au-dessus du village. Claudio, qui a souvent vu les forêts environnantes partir en fumée, peste contre une certaine corruption à l’origine du manque de moyens des services publics. Si le vent avait été plus puissant, des centaines d’hectares de forêt auraient pu disparaître. Les jours suivants, le feu continue. Les pompiers ne peuvent avoir accès aux zones de feu, celles-ci se situant sur des flancs escarpés des montagnes, très boisée, où aucun pare-feu n’existe. De petits avions de tourisme feront des passages en versant quelques litres d’eau sur les foyers… pathétique, d’autant plus qu’au bout de quatre jours le vent se lève. Des dizaines d’hectares vont brûler, plusieurs maisons seront réduites en cendres. Il faudra attendre une semaine pour qu’heureusement une pluie de 24 heures tombe et éteigne les principaux foyers.



Entre temps, nous partons faire un tour au parc national Los Alerces, un peu au sud. Au programme, promenades et baignades dans les rivières et les lacs aux eaux limpides.



Ce retour à El Bolson aura permis aux enfants de conforter leur complicité avec Nicolas et Agustina ; au passage, progrès fulgurants en conversation espagnole… avec l’accent et le vocabulaire argentin !




Nous quittons El Bolson pour rejoindre le Chili. Petite escale dans la très cossue San Martin de Los Andes, puis nous nous posons à Pucon. Entre temps, bien sûr, passage de frontière à nouveau rocambolesque.

Région de Bariloche: neige en été?... non, cendres de volcan!