RAPA-NUI (ILE DE PAQUES) – Du 24 au 30 janvier 2012
Dans la catégorie « Mythique », on a déjà vu le Salar d’Uyuni, le Machu Picchu, Ushuaia ou encore les Galápagos, mais l’Ile de Pâques, c’est du lourd !
Certes, on parle Espagnol et nous sommes d’ailleurs dans la province de Valparaíso. Certes, il nous reste des textes de Neruda, Coloane, Skármeta et Sepúlveda à dévorer, et ceux-ci nous font toujours voyager au Chili. Mais à n’en pas douter, nous avons quitté l’Amérique du Sud. Thor Heyerdal a bien tenté de démontrer en 1947 que les peuples polynésiens avaient pu atteindre les îles polynésiennes à partir du Pérou. Il a lui-même quelques années plus tard observé sur l’île de Pâques des murs de contention de Moais dont les pierres sont disposées avec le même ajustement que les constructions incas. Une variété de jonc présente dans le lac du volcan Rano Kau ressemble étrangement à une variété unique du Titicaca. Mais les scientifiques s’accordent à dire que l’île a été peuplée à partir des îles polynésiennes (probablement à partir des Gambier), et on retrouve en effet beaucoup de similitudes dans la langue, les rites, la physiologie, la nourriture, les croyances,…
L’île est en fait un triangle, trois îles volcaniques étant par la suite reliées lors de différentes éruptions. Le relief compte aujourd’hui plus de 60 cônes, largement déboisés. Les Moais, ces statues anthropomorphiques étaient dressées en hommage aux différents chefs de villages (Arikis). Ils étaient fabriqués dans une unique carrière (flancs du volcan Rano Raraku), puis transportés debout (parfois jusqu’à 15km), les coiffes (« Pukaos », fabriquées à autre endroit dans le cratère du volcan Puna Pau) ajustées sur place finale. Les sites sont généralement au bord de l’océan, en dessous d’un ancien village, les Moais, tournés vers l’intérieur des terres, récupèrent l’esprit de l’Ariki enterré à ses pieds pour le restituer au village. Seule exception, le mystérieux site de Ahu Akivi, avec 7 Moais à l’intérieur des terres et regardant l’océan…
"Usine" à Moais |
Les Moais que l’on voit partout en photos ont été relevés et restaurés au XXe siècle. Une faible proportion en réalité, quelques dizaines sur plus de 900 sur l’île. Des marins fin XVIIe et début XVIIIe ont rapporté avoir vu quelques Moais dressés. En fait, peu de temps avant la découverte de l’île par les Européens, on estime alors la population à plus de 15000, les conflits grandissants entre clans (à cause notamment de ressources limitées) ont abouti à des guerres tribales, et le renversement des Moais en est une des conséquences. Après des rafles et massacres successifs, une poignée de Pascuans (111 exactement) a été ramenée sur l’île fin XIXe, avec toutes les conséquences qu’on imagine concernant la perte de mémoire collective et de culture. Aujourd’hui, environ 5000 Pascuans peuplent l’île, tous habitant Hanga Roa.
Les deux clans principaux s’affrontent depuis lors tous les ans dans des joutes sportives et culturelles. Début février, le Tapati Rapa-Nui les oppose lors de spectacles de danses et de musiques, d’épreuves de sculpture ou d’artisanat, et d’épreuves sportives (courses de chevaux, course d’endurance dans l’eau, sur l’eau, en portant des bananes,… ou descente d’une pente de volcan sur un traineau en troncs de bananiers à 80km/h!). La représentante du clan ayant récolté le plus de points à la fin des épreuves sera désignée Reine pour un an.
Nous avons la chance d’assister plusieurs fois aux répétitions de danses d’un des clans : plusieurs centaines d’enfants, ados et adultes font renaître danses et chants traditionnels. On ressent l’importance que cela suscite chez eux à travers la rigueur et l’énergie qu’ils déploient. Bref, un grand moment de communion. Expression de virilité chez les garçons, sensualité chez les filles.
Sylien sortant d'un tube de lave |
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