WESTERN AUSTRALIA - Entre Perth et Exmouth - Du 9 au 30 avril 2012
Nous débutons cette dernière étape australienne par le week-end pascal. La tradition des œufs en chocolat est comme chez nous, alors les cloches passent déposer leurs œufs aux roues du camping-car. Comme les Australiens, nous dégustons au petit déjeuner de bons cross-buns, pains garnis de raisins secs.
Petit détour par Fremantle, ville bohème des chantiers navals proche de Perth, puis nous amorçons notre progression le long de la côte ouest jusqu’à Exmouth, environ 1500 km au nord de Perth.
Au menu, les Pinnacles (désert parsemé de roches hérissées restes d’anciens arbustes), puis le très rouge Kalbarri National Park traversé par
la Murchison River et ses spectaculaires méandres… Nous n’y marcherons pas très longtemps en raison des très fortes chaleurs (35 à 40°) et surtout à cause de dizaines de petites mouches collantes et agressives qui nous obligent - pour la première fois depuis que nous sommes partis – à sortir nos moustiquaires. Fashion look garanti mais c’est efficace et nous empêche de tourner en bourrique !
L’interminable route 1, qui longe la côte ouest en direction de Broome, nous donne une idée plus précise de l’outback australien, avec sa terre rouge, ses herbes plus ou moins hautes et de petits arbustes, de 1 à 3m, disséminés dans des paysages sans fin. A certains endroits, des termitières par dizaines, parfois plus imposantes qu’une cabine téléphonique, surprennent les voyageurs que nous sommes.
De fréquents panneaux indiquent « floodways » ou « road subject to flooding » : des pluies parfois violentes doivent inonder certaines portions de routes ; sous plus de 35 degrés en pleine journée, nous ne verrons pas une goutte d’eau et traversons beaucoup de lits de rivières à sec. Le plus long fleuve du pays, le Murray, peut parfois atteindre le kilomètre de large, et se traverse à d’autres périodes à guet. Il faut dire que le pays doit se soumettre au puissant phénomène climatique El Niño, courant marin en grande partie responsable de cycles alternant sècheresses et inondations.
Même à proximité de l’océan indien, il faut à n’en pas douter une âme de pionnier pour venir s’installer dans une bourgade quelque part au nord de Perth. Le climat est aride ou connaît parfois des tempêtes tropicales, quand ce ne sont pas des cyclones. Le sol est pauvre et infertile, les immenses chaînes de montagnes ont disparu depuis 90 millions d’années et rien ne permet un renouvellement des sols. La faune terrestre, avec serpents et scorpions, n’a rien à envier à la faune aquatique, avec entre autres, le médiatique requin blanc (les crocos sont plus au nord, on ne peut pas tout avoir…).
Durant notre progression vers le Nord, nous mesurons encore plus l’immensité du pays. Nous roulons des centaines de kilomètres sans avancer beaucoup à l’échelle du continent. Si on superpose une carte de l’Australie sur une carte de l’Europe à la même échelle, Sydney serait en Crimée, Adelaïde quelque part en Méditerranée, Perth à la place de Porto, Cairn au sud de
la Suède, Darwin aux Iles Féroé, Ayers Rock au sud de l’Allemagne…
Malgré l’espace, les Australiens sont des urbains et occupent une très faible proportion du territoire (densité à peine supérieure à 3 hab/km2). La province de Northern Territory (Darwin, Alice Springs et le fameux Ayers Rock) occupe à elle-seule 800 000 km2 (pour rappel, France environ 550 000 km2), pour seulement 215 000 habitants !
Pour autant, nous ne sommes pas toujours tout seul sur les routes et dans les campings. Ce sont en effet les vacances de Pâques (pas vraiment de camping sauvage autorisé contrairement à
la Nouvelle Zélande) et nous croisons de très nombreux 4x4, la plupart flambants neufs, tirant d’immenses caravanes, remorques ou bateaux : les Australiens vont à la pêche au gros. On joue « petit bras » avec notre petit camper-van Britz face aux vacanciers locaux ultra équipés. Nous sommes très étonnés de voir les tonnes de matériel trainées pour quelques jours de vacances : cuisine entièrement reconstituée, guirlandes électriques, kayaks, planches de surf, scooter des mers, plusieurs cannes à pêche de compétition… Tout semble neuf et de qualité ; rien à voir avec la vieille canadienne et les chaises pliantes à fleurs de nos campings ! Ici, les tentes sont immenses, les caravanes ont plein de systèmes pour s’agrandir de tous les côtés. Nous remarquons aussi qu’ils sont souvent installés en tribus : les tentes et
caravanes se font face, un grand barnum pour accueillir une table de banquet, le tout encadré par les 4x4, bateaux et une rangée de barbecues ! Le soir, c’est bière et force saucisses et viande au barbecue ou découpe de dizaines de kilos de gros poissons prélevés dans l’océan juste à côté des réserves marines. Surprenant !
Avec ces semaines de camping, la société australienne nous semble davantage sujette au gaspillage et à la surabondance. Nous ne retrouvons pas la sensibilité à l’écologie des Néo-zélandais : toute la journée, les emplacements de campings sont arrosés pour quelques brins d’herbe perdus au milieu des terrains sablonneux. Chaque caravane tire sur l’électricité avec son grille pain, sa bouilloire, sa clim, sa télé, voire l’antenne satellite. Les portes des magasins climatisés restent ouvertes alors qu’il fait à 35° à l’extérieur. La nation se dit très écolo, organise une journée verte nationale…mais il reste encore un chemin à parcourir au pays où chacun roule en gros 4X4 Nissan, Mitsubitchi ou Toyota.
Toujours sur la route, nous sommes impressionnés par les puissants trucks tirant parfois trois remorques à plus de 100km/h. Pas facile à doubler !
Près d’Exmouth, nous allons plusieurs fois dans le Cap Range National Park et dans la réserve marine de Ningaloo. Depuis quelques jours et comme tous les ans, les requins-baleines, petites bêtes d’une quinzaine de mètres (juste les poissons les plus gros du monde), sont de retour au large soit une dizaine de jours après l’éclosion des coraux à la pleine lune; mais nous n’allons pas les observer en pleine mer en raison des prix prohibitifs des expéditions (350$ par personne !). Le snorkeling, en revanche, nous permet de nager avec de nombreux poissons tropicaux près du récif corallien, mais les tortues cette fois-ci nous boudent. Un soir, apéritif magique avec coucher de soleil, puis retour à 20km/h dans la nuit avec festival de kangourous le long de la route.
Nous amorçons notre descente vers Perth par une pause à Coral Bay. Même pas un village. Deux campings, un hôtel et deux, trois commerces où la pomme coûte presqu’un euro ! En revanche, très belle plage aux eaux turquoises de laquelle en quelques brasses on nage au dessus d’un magnifique massif corallien.
Puis plus au sud, Shark Bay et Monkey Mia. Ici, l’homme a habitué une poignée de dauphins à venir s’approvisionner en bord de plage. Heureusement, les rangers informent, régulent, et nourrissent les dauphins avec parcimonie et de manière contrôlée (certains dauphins bien identifiés font partie du programme et ne reçoivent en poisson qu’une infime partie de leur nourriture quotidienne). Nous venons les admirer à de multiples reprises le matin au bord de la plage et les croisons parfois lors de nos baignades.
Retour à Fremantle, journée agréable dans la ville, ponctuée par une note un peu amère liée aux quelques effets disparus du van et à une fenêtre en miettes, ce qui ne nous laissera pas le temps initialement prévu de vagabonder dans Perth.
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KANGAROO ISLAND et ADELAIDE - Du 29 mars au 7 avril 2012
Kangaroo Island est une toute petite île : 150 sur 50 km, une goutte d’eau à l’échelle de l’Australie.
Deux heures de route depuis Adélaïde, puis une traversée du détroit de moins d’une heure, et nous nous retrouvons sur cette île très sauvage.
Pas besoin de mettre la main à la poche pour voir les marsupiaux. Ils ont envahi l’île. A la tombée du jour, il devient même imprudent de conduire: un groupe de wallabies ou kangourous peut sortir du bush et traverser la chaussée en quelques bonds. Nous voyons aussi souvent dans la journée des échidnés, ressemblant au hérisson, avec de plus grands piquants et un museau allongé.
Nous sommes hébergés à American River. Le soir, les wallabies s’approchent des habitations à la recherche de morceaux de légumes et nous les observons de loin avec nos lampes de poche. La nuit, les opossums font la foire sur les toits. Au matin, Kim nous montre les prises de la nuit dans ses nasses ; il libère ensuite les opossums à une vingtaine de kilomètres, quasiment certain qu’ils reviennent ici.
Dans le sud-ouest de l’île, Remarkable Rocks, un amas rocheux spectaculaire, où nous passons un bon moment à jouer avec les formes calcaires étranges. A nouveau aussi de grandes dunes de sable que nous descendons en courant ou en roulant et de magnifiques plages désertes où nous suivons des traces de kangourous.
Nous décidons également de passer une journée dans une ferme australienne, perdue au milieu de l’île, où l’on peut nourrir les animaux. Les émeus nous collent et les koalas nous émeuvent ; les kangourous nous font craquer tellement ils sont attachants.
D’une manière générale, les koalas ne sont pas très faciles à observer : ils se positionnent très haut dans les eucalyptus, entre des branches en fourche, pour y dormir 20 heures par jour et avoir des feuilles à porté de main (ou de griffes) le reste du temps. Parmi les centaines d’essences d’eucalyptus, ils en sélectionnent soigneusement quelques-unes, et consacrent néanmoins 20% de leur énergie à la digestion de toxines.
A Adelaïde, nous sommes hébergés chez Michael, Alison, Rachel et Tom. Rachel fait de la danse et nous allons voir Tom à son entrainement de hockey sur gazon. Comme beaucoup d’Australiens, la famille se passionne pour le football australien (footy) ; ce sport, codifié avant le soccer, se joue sur un terrain ovale immense (stade de criquet), avec un ballon ressemblant à celui de rugby, les passes se font d’une pichenette à la main ou au pied, le but étant de passer le ballon au pied entre des poteaux. Très agréable à regarder.
Michael a son entreprise d’objets publicitaires, Alison est prof. A l’image de bon nombre de résidents d’Adelaïde (voire d’Australie), le niveau de vie est élevé. Les maisons sont spacieuses, souvent équipées de piscine (nous l’avons remarqué en atterrissant). La ville, comme Melbourne ou Perth, semble être une des plus agréables d’Australie, où la qualité de vie est préservée et le climat agréable. Un quartier central ceinturé de grands parcs puis les quartiers pavillonnaires. En 20 minutes, on est à l’aéroport, à la plage, en centre ville ou à la campagne…
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BLUE MOUNTAINS – CANBERRA – SYDNEY - Du 20 au 29 mars 2012
A peine arrivés à Sydney, direction les Blue Mountains. Quelle chance de voir ces paysages grandioses - à 2 heures de Sydney – sous un grand soleil. Les semaines précédentes ont été très humides et les jours suivants s’annoncent maussades. Le parc des Blue Mountains a des allures d’immense forêt en contrebas de falaises dignes du grand rift.
Irene et Howard nous accueillent dans leur maison adossée à la forêt. Ils nous parlent de leur engagement humanitaire, en Afrique ou Amérique centrale. Les changements climatiques sont aussi un de leurs sujets de préoccupation : la partie Est de l’Australie est généralement très sèche, et depuis 2 ans les pluies sont très fréquentes, provoquant parfois de vastes inondations.
Le matin, cacatoès et perroquets (king parrots et crimsons) viennent prendre leur petit déjeuner sur la terrasse.
Nous sommes impatients de découvrir des wallabies ou kangourous dans la nature. Les premiers que nous voyons, malheureusement, sont ceux percutés par des véhicules au bord de la chaussée.
Le long d’une piste près de Canberra, nous apercevons enfin nos premiers kangourous, amusés de nous voir les observer.
Au moment de l’émancipation australienne au début du XXe siècle, il a fallu choisir une capitale. Sydney était la grande ville berceau de l’Australie. Melbourne était la grande ville dynamique promise à une expansion économique certaine. Aucune n’aurait accepté que l’autre devienne capitale. On a donc choisi un site vaguement entre les deux pour y construire une capitale, Canberra (signifie « lieu de rencontre » en aborigène).
La « ville idéale » de 1913 devait accueillir 30000 diplômâtes et habitants. Elle en compte désormais 10 fois plus, et les grands bassins nautiques coupent aujourd’hui la ville en deux, ce qui oblige habitants, touristes, politiciens à utiliser des véhicules personnels pour passer d’un côté à l’autre.
Elle compte cependant de grands musées nationaux, et notamment le National Museum of Australia sur la culture australienne et le passionnant Questacon, ou comment comprendre les sciences en s’amusant, avec en prime l’expérience du « saut dans le vide » à laquelle nous avons survécu.
Sydney réunit à elle-seule près de 20% de la population australienne. Cette ville cosmopolite est aussi le cœur historique de l’Australie. Des transports efficaces, de grands parcs, des aires de jeux ingénieuses, des quartiers des docks rénovés et surtout la présence constante de la baie et de la mer, font presque oublier que Sydney est la capitale économique du pays, avec ses 4 millions d’habitants, ses buildings et voies rapides surchargées.
Egalement un parc animalier intéressant – mais cher- qui présente toutes les espèces endémiques de l’île-continent. Ces espèces ont une activité nocturne pour la plupart, et laissent donc peu de chance de se laisser surprendre dans la nature (sauf sous les roues de voitures ou camions). Il y a aussi le platypus (ornithorynque en Français), vous savez, ce mammifère à bec de canard, dont la femelle pond des œufs, qui nage comme un poisson et a les pattes palmées – les scientifiques anglais qui ont vu le premier spécimen naturalisé arrivé en Europe ont d’ailleurs cru à une supercherie et que l’animal présenté avait été constitué à partir de plusieurs espèces… - .
C’est aussi pour nous l’occasion de nous plonger dans les médias australiens (une chaîne TV d’info qui semble être d’état et une presse écrite totalement sous dominante Murdoch). Ils ont un regard compatissant sur l’Europe en crise, alors qu’ici on se réjouit plutôt de la bonne santé économique du pays. Les sujets récurrents sont les attaques de requins, les noyades de surfeurs ou des débats sur la légalisation de certaines drogues. L’actualité sportive prend aussi une place prépondérante, avec le très populaire footy (AFL, football australien, dérivé du rugby), le rugby à XIII (Rugby League), le rugby à XV (Rugby Union et Super XV), le cricket et le soccer. Enfin, et plus surprenant, une possibilité de devise commune avec la NZ est à l’étude, cette devise pourrait par exemple s’appeler… le dollar australien !
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