SUD-LIPEZ ET SALAR D'UYUNI - 8 au 17 octobre
Après 24 heures passées à Oruro, ville sans charme mais avec une sympathique place centrale, nous prenons le train de nuit pour Tupiza, qui nous semble être un point de départ plus intéressant qu’Uyuni pour le sud bolivien. A noter tout de même d’excellents salteñas dégustés avec de délicieux jus d’oranges sur cette même place. Le train longe le lac Poopó, que nous devinons grâce à un joli clair de lune. Au départ, la pub du train nous vante un trajet unique, inoubliable, dans des wagons top confort. C’est vrai, manger des pâtes et une omelette dans le wagon restaurant donne des airs d’Orient Express ; c’est vrai, les paysages au petit matin sont somptueux…Pourtant nous oublierons vite les deux navets américains passant sur les écrans avec un son, lui, en revenche, inoubliable pour lequel il faudra se fâcher un peu…
A Tupiza, première rencontre depuis notre départ avec une famille voyageuse, la famille Bellanger (Marius, Tom, Arthur et leurs parents). Journée et soirée agréables en leur compagnie, nous les retrouverons peut-être plus au sud. Voir leur site dans la rubrique « Blogs d’amis voyageurs ».
Freddy le pilote et Emma la cuisinière nous accompagnent pour ces 4 jours dans le sud de
Au fil des pistes, nous apercevons parfois des maisons isolées, à côté d’enclos murés avec troupeaux de lamas dont les têtes dépassent. Mais surtout, nous avons droit à une succession de paysages, synthèse des environnements désertiques de la planète : des colonnes imitant des termitières rouges géantes, des paysages dignes du Far West, ou des dunes de sable n’ayant rien à envier à celles du Sahara. Aussi d’immenses vallées ressemblant au grand rift de l’Est africain, où on devine un lit de rivière, le plus souvent à sec, bordé d’herbe et de petits arbustes verts ; les gnous, zèbres et girafes sont simplement remplacés par des moutons, lamas et vigognes.
Nous passons aussi à proximité de geysers à près de 5000m, avec un vent à décorner les lamas.
Une piscine naturelle à 37° dans le salar de Chalviri |
Enfin, un festival de lacs très colorés, d’où souvent leur nom. Un des plus connus est la laguna verde, au pied du volcan Licancabur (frontière avec le Chili). La NASA y a envoyé certains de ses équipages, l’atmosphère hostile et les paysages lunaires s’approchant de ce que les astronautes rencontraient sur la Lune. De mauvaises langues ont pu affirmer que c’était aussi plus simple d’y filmer leurs expéditions lunaires… La laguna colorada est la plus majestueuse, par son étendue, sa couleur (des zones rouge-sang) et surtout les milliers de flamands, indifférents au vent, souvent sur leur unique frêle patte, alors que nos deux jambes nous suffisent à peine pour faire face aux bourrasques. La nuit le froid est terrible. Il a fallu multiplier les épaisseurs pour éviter la congélation. La soirée a été sauvée par un vieux poêle. C’est ici que nous rencontrons d’autres couples partis eux-aussi avec « Tupiza Tour », Laure et Gwen, Marion et Mathias, Livia et Tanguy. Les conditions climatiques difficiles resserrent les liens.
La dernière nuit a pour cadre un petit hôtel entièrement conçu en briques de sel, en bordure du salar. Le salar est un immense désert de sel, dont la superficie est l’équivalent de 2 départements accolés, comme la Vienne et la Haute-Vienne (au hasard). A 3600m d’altitude et sur 40m d’épaisseur, il est constitué de couches de sel et de glaise. Plus de la moitié des réserves mondiales de lithium s’y trouve : le gouvernement bolivien prévoit à terme son exploitation, sous contrôle total du pays pour exportation, et ce malgré la protection théorique du site.
Les pilotes s’amusent à se courser autour de 120km/h. Le sel est parfois très lisse, souvent prenant des formes hexagonales. Nous atteignons l’Isla del Pescado, au lever du soleil. Magnifique île plantée au milieu du salar, avec de gros cactus. Etrange impression de vaisseau fantôme sur une mer irréelle. C’est aussi pour Sylien l’occasion de vivre un moment mémorable : les deux cuisinières ont préparé des gâteaux et c’est donc ici que nous lui fêtons ses 10 ans, accompagnés de « feliz compeaños ».
Le retour entre Uyuni et Tupiza sera marqué par deux ensablements du 4x4 : il a fallu pousser en pleine tempête avec nos petits bras.
A Tupiza avant de quitter la Bolivie , quelques jours pour se promener dans les environs (notamment rando à cheval), paresser au bord de la piscine avec Livia, Tanguy et Tiphaine, et regarder (un peu tôt) les demi-finales de coupe du monde de rugby.
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LA PAZ - du 3 au 7 octobre
Venant du Titicaca, on traverse El Alto, périphérie qui ne finit pas de s’étendre avant La Paz. Puis on bascule sur La Paz. La paix y est relative, pour cette ville qui s’étend de 3200 à 4000 mètres d’altitude. En bas, les quartiers chics, les tours d’affaires. Plus haut, le centre historique, avec musées, quelques rues piétonnes. Plus on monte, plus la précarité apparaît. Sur les flancs des montagnes, des maisons en parpaings avec un réseau impressionnant d’escaliers raides.
Après quelques musées intéressants (à nouveau un musée d’instruments de musiques, avec des instruments que cette fois nous sommes autorisés à manipuler), quelques lectures à l’alliance française, nous quittons
En route, nous apercevons parfois des cimetières au milieu de nulle part, souvent sans enceinte ce qui permet aux ânes de s’y promener et d’y bouloter les fleurs les plus fraîches. Malheureusement aussi, une bande de 20 à
Un coup de cœur enfin pour une initiative remarquable : celle d’Anne Courrège, une Française installée à Cochabamba et qui depuis plusieurs années va à la rencontre d’enfants dans des communautés avec un bibliobus. Tapez « ayni.org » (organisation dont dépend le projet au niveau institutionnel) ou « bibliobus cochabamba » sur un moteur de recherche pour en savoir plus. Faute de temps, nous n’avons pu nous y rendre mais l’encourageons de tout cœur, n’est-ce pas Danièle…
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COPACABANA et l’île du Soleil - 28 septembre au 2 octobre
Copacabana
Copacabana est situé 8km après la frontière. Le passage terrestre de la frontière est épique : on quitte le bus pour parcourir différents bureaux côté péruvien, puis on passe la frontière à pieds, re-bureaux côté bolivien (plein de jolis tampons sur les passeports) et on reprend le bus.
Copacabana n’est pas une jolie ville, mais la baie, dominée par plusieurs monts, est agréable. Nous montons le chemin de croix au-dessus de la ville. Mais surtout, avant de partir pour la Paz , nous faisons un détour par la cathédrale pour une étrange cérémonie, un baptême pas tout à fait comme les autres : des prêtres bénissent des voitures et bus, décorés de fleurs et garnis de crucifix et de cierges (même dans les moteurs, qui font probablement double emploi avec les bougies…).
Isla del Sol
Nous choisissons de contourner l’île pour ne pas l'aborder au Sud (port du village principal) mais plutôt au Nord. Cela nous permet de traverser l’île en plusieurs heures par un très beau chemin, passant à proximité de ruines incas encore en très bon état, et qui rejoint le village d’Yumani. Nous resterons 2 nuits chez Yola et Nolberto. Ils ont 3 filles, de 11 (Daniela), 6 (Clara) et 1 an (Liliana). Les deux grandes sont très excitées à l’idée de participer le lendemain à la fête de l’école, et nous sommes bien évidemment invités.
Samedi, avant donc la fête de l’école, Carla nous montre elle aussi son cahier de lecture et tous les mots qu’elle connaît. Elle est également très contente de taper certains mots sur un de nos ordis : c’est bien plus amusant qu’écrire sur une feuille, et pas besoin de gomme pour effacer les bêtises ! Puis vers 10 heures, Daniela part en direction de l’école, vêtue de blanc, avec une écharpe tricolore (verte, jaune, rouge, bien sûr) et un drapeau. Carla est fière ensuite d’y emmener Juliette et Sylien. Si vous avez en tête le stand frites-merguez, des jeux pour les enfants ou un lancer de ballons, oubliez. Une fête de l’école sur l’Isla del Sol est en fait indescriptible. Nous allons pourtant essayer.
L’école ressemble à n’importe quelle école, une grande cour rectangulaire, bordée de salles de classes. Quand nous arrivons, différents groupes sont en file indienne autour de la cour. Quelques groupes d’enfants, mais surtout des adultes, des danseurs, des musiciens. Le cortège défile ensuite devant « les autorités » (hommes qui pendant une période définie consacrent leur temps à la communauté) et leurs femmes. La cacophonie est générale puisque au moins trois groupes de musiciens jouent en même temps sur un périmètre restreint. On a par exemple un groupe d’hommes avec d’énormes épaulettes recouvertes de peau de fauve, équipés de flûtes. On voit aussi un groupe de danseurs et musiciens aux couleurs très vives (même carrément fluos) dont les origines sont la région de Potosi. Un groupe de danseurs fait penser aux « joyeux turlurons » de Tintin et les Picarros. Des groupes de femmes portant le costume traditionnel défilent avec leurs enfants, d’autres avec un immense drapeau bolivien. Tout cela reste, au moins dans un premier temps, très solennel. Suivent d’ailleurs quelques discours, en Aymara ou en Espagnol.
Ensuite, les groupes passeront plusieurs heures à danser en alternance.
Nous reviendrons en fin d’après-midi. Les danses sont moins précises, les musiciens moins appliqués, les « autorités » un peu moins dignes : une corrélation avec les centaines de cadavres de bouteilles de bière n’est pas à exclure… Des touristes ont aussi fait leur apparition. Nous préférons le spectacle donné par le soleil couchant.